Twitter vient d’inaugurer ses nouveaux locaux au cœur de Paris, près de l’Opéra… pas très loin des anciens bureaux de Google – et à quelques encablures des nouveaux. Les politiques se bousculent au portillon pour ces événements (Valls succédant donc à Sarkozy), et l’on pourrait s’interroger sur la signification de ces cérémonies où les opérateurs du futur utilisent les codes du passé : hommes d’état en costume et locaux dans d’anciens hôtels particuliers rénovés à grands frais.
Cela évite peut-être de se poser la question de leur avenir, question ô combien iconoclaste… mais peut-être pas si absurde, même pour Google !
Pour Twitter, elle demeure toujours d’actualité, car beaucoup s’interrogent sur son destin d’acteur indépendant : sa croissance stagne et le retour de son fondateur Jack Dorsey aux manettes n’a pas inversé la tendance ; bref, sa survie passerait par son adossement à un grand groupe plus fortuné.
Les frontières bougent beaucoup – et si vite – dans le petit monde du Web et plus particulièrement du Web social : les GAFA – Google, Apple, Facebook, Amazon – semblent devoir s’effacer au profit des TUNA – Tesla, Uber, Netflix, Airbnb – dont les valorisations financières dépassent celles des acteurs de l’ancienne économie (Tesla « vaut » autant que Renault et Airbnb qu’Accor) ; sans oublier le plus grand réseau social marchand du monde, le chinois Alibaba.
Les nouvelles technologies ont tué des géants comme Kodak ; et certains parmi les premiers géants du High Tech commencent à disparaître à leur tour, comme Yahoo ! Et au cimetière des médias sociaux morts nés, on y rencontre de nombreuses gloires éphémères comme Second Life – qui en 2007, était considéré par tous comme LE média social du futur ; ou MySpace – du moins dans sa version « Rupert Murdoch » qui y a perdu des centaines de millions de dollars. Et qui parierait encore sur des Elo (réseau tellement secret qu’il n’a jamais décolé) ou Meerkat – coulé dès son lancement par Twitter et son Périscope ?
Difficile de parier sur l’avenir d’un Twitter dont pourtant près de 4 utilisateurs sur 10 ont moins de 25 ans ; ou même sur un Snapchat qui séduit massivement les très jeunes et a snobé les offres de Facebook pour garder son indépendance : le Web de demain sera moins ce qu’en imagineront les opérateurs que ce qu’en feront ses utilisateurs.
Difficile donc de répondre à la question : que seront les réseaux sociaux de demain ?
D’une part, parce que tout change de plus en vite et qu’après celles du Web social, puis de la consommation collaborative, bien d’autres révolutions nous attendent : or à la fin du 20ème siècle, quels experts auraient pu prévoir leur avènement – mis à part les brillants chercheurs du Cluetrain Manifesto, mais sans en envisager réellement la portée ?
D’autre part, parce que l’impulsion ne vient pas seulement des entreprises et des technologies qu’elles développent, mais également – surtout – des citoyens qui les adoptent ou rejettent massivement les nouveaux outils à leur disposition : qui aurait cru, il y a quelques années, en un site où l’on peut poster des photos qui s’effacent automatiquement en quelques secondes ?
(par François Laurent, Blogueur à MarketingIsDead.net)