Le Big Data est-il soluble dans l’éthique ou vice versa ?

FDVT – pour Data Valuation Tool for Facebook™ Users – se présente sous la forme d’une petite application gratuite fonctionnant sur Facebook et sur Chrome et qui vous indique quels revenus vous générez pour le média social en naviguant dessus : « Would you like to know the money you are generating for Facebook™? », précise d’ailleurs la page d’accueil.

Data Selfie, qui s’installe comme une extension de votre navigateur, vous révèle comment les algorithmes d’apprentissage mis en œuvre par Facebook utilisent vos données personnelles pour mieux cerner votre personnalité, et bien sûr vous bombarder de publicité.

Si la démo montrée sur le site de FDVT peut amener quelques sourires narquois, les exemples de Data Selfie apparaissent plus inquiétants puisque le réseau connaît tout de vos comportements de consommateurs mais également vos préférences politiques ou vos orientations religieuses ! Sous le capot, un peu de Watson d’IBM, conjugué à l’Apply Magic Sauce de l’Université de Cambridge.

Le magazine allemand Orange by Handelsblatt a décidé de réagir en lançant « The Data Corrupter » qui, comme son nom l’indique, rend inexploitables vos données laissées sur les médias sociaux. Vous likez un contenu sur Facebook ? Aussitôt le Data Corrupter va en liker aléatoirement d’autres, des Likes invisibles pour vos amis, mais qui vont totalement fausser l’analyse de votre profil.

Récemment la Cnil constatait « que Facebook procédait à la combinaison massive des données personnelles des internautes à des fins de ciblage publicitaire [et] traçait à leur insu les internautes, avec ou sans compte, sur des sites tiers via un cookie », et le condamnait à une amende bien symbolique de … 150 000 €.

150 000 € cette année, parce que le nouveau Règlement européen sur la protection des données personnelles n’entrera en application qu’en mai 2018 : à ce moment-là, les amendes pourront alors grimper jusqu’à 4 % du CA mondial des fautifs, nettement plus dissuasif.

La Commission Européenne ne semble pas prête à s’arrêter en chemin : déjà un autre Règlement est en cours de discussion nommé ePrivacy, prévoyant notamment l’acceptation ou le refus global par l’internaute des cookies à l’installation de son navigateur, ce qui déclenche l’ire de bien des lobbies.

Aujourd’hui le Big Data n’en est qu’à ses balbutiements, avec le retargeting qui vous bombarde de publicités pour des produits que vous venez juste d’acheter ; demain, avec l’arrivée massive de l’AI, les enjeux seront colossaux.

Entre GAFA et autres TUNA – Tesla, Uber, Netflix, Airbnb – d’une part, autorités européennes et américaines de l’autre, Chinois en embuscade avec Alibaba, le citoyen se demande bien à quelle sauce il va être dévoré ; et s’il ne le sait pas exactement, il sait – parce qu’on le lui répète à l’infini – que des données personnelles ont de la valeur, beaucoup de valeur !

Et que les marques, toutes les marques, de Google à Orange en passant par Renault ou Uber, veulent « se faire de l’argent sur son dos » : il ne sait pas trop comment, mais il en est sûr …

Ce qui accroît de jour en jour sa défiance vis-à-vis de ces marques.

Adwise, en collaboration avec Norstat et Nexize, a justement lancé une étude quantitative sur la perception de leur valeur par les consommateurs : résultats en septembre !

Des géants qui lui adressent très régulièrement des pages et des pages de conditions générales d’utilisation que jamais ils prendront le temps de lire – et même s’ils essayaient, pas sûr qu’ils ne comprennent grand-chose !

A toutes les autres, qui lui proposent un jeu pour les attirer sur leur page Facebook, lui envoient des mailings auxquels ils ne réussira jamais à se désinscrire, abuse du retargeting, etc.

Certains commencent même à se venger : un opérateur qui ne répond pas immédiatement à ses questions… et hop ! Un tweet ou un post vindicatif. Une autre société qui propose un concours un peu trop compliqué, ou stupide, etc. à leur goût… et hop ! On se regroupe pour résoudre les questions et on publie les réponses en ligne pour fausser les résultats.

Le trolling se développe, parfois sous sa forme le plus bête, juste pour nuire : le 1er à en faire l’expérience fut Habro en … 2008, qui sollicita les internautes pour choisir les localités du Monopoly des villes de France et vit plébisciter le bourg de Montcuq : difficile à assumer.

Seule parade pour les marques : se montrer le plus honnête possible vis-à-vis des consommateurs ; respectueux pour être respecté en retour. Ce qui signifie l’inscription de valeurs éthiques dans son capital de marque.

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