L’Observatoire de l’Évolution des Métiers de l’Assurance

Norbert Girard, tu diriges l’Observatoire de l’Évolution des Métiers de l’Assurance. En deux mots, quels sont vos rôles et missions ?

L’Observatoire, 20 ans d’existence cette année, est une association qui a pour objet d’apporter son concours à l’identification des facteurs qui risquent d’affecter les métiers de l’assurance et particulièrement des conséquences qui en découlent pour les qualifications et les besoins de formation.

Pour y parvenir, l’Observatoire conduit des enquêtes et exploite des bases de données sociales sur l’état des ressources humaines de la profession. Le but est de mieux cerner :

– les besoins des entreprises en matière de compétences et de formations

– les facteurs économiques et organisationnels susceptibles d’influer sur ces besoins

– les pratiques de gestion des ressources humaines

En pratique, nous sommes une petite équipe de quatre personnes qui produisons par nous-mêmes toutes nos études, sans recours extérieur. Nous fonctionnons un peu à la manière d’un labo de recherche qui met ses études à la disposition des sociétés d’assurances, des organisations d’employeurs et de salariés, ainsi que des organismes professionnels intervenant dans les domaines de l’emploi, de la formation et de l’enseignement. De fait, tous nos travaux sont librement consultables à partir de notre site internet : www.metiers-assurance.org

 

 

Le Big Data va conduire les assureurs à revoir leurs politiques en matière de relations aux assurés et de gestion des risques : tous sont-ils prêts à s’adapter à ces nouveaux défis ?

Les évolutions technologiques dans la collecte et le traitement des données laissent entrevoir des ruptures à venir dans la sélection des risques et leur tarification, ou encore dans la segmentation des clientèles et le management de la relation client. Mais le chemin est cependant long qui va de l’accumulation de nouvelles données à leur transformation en un supplément de connaissances opérationnelles sur les clients… et plus long encore jusqu’à leur traduction et intégration dans les gestes des métiers.

Si l’assurance de demain suppose de passer d’une approche évènementielle à une approche comportementale, basée sur les usages, n’oublions toutefois pas ce qui constitue le fondement même de notre métier d’assureur : la mutualisation des risques… laquelle n’est pas incompatible avec une meilleure personnalisation des services – assurantiels et/ou autres – proposés à nos clients. En d’autres termes, même si de nombreuses évolutions sont à venir, ces dernières s’opéreront davantage par implémentations progressives et successives, plutôt dans des logiques de Smart Data. Le “comment” primant sur le “quoi”, l’enjeu des transformations repose avant tout sur l’appropriation des nouveaux outils par les acteurs eux-mêmes. C’est pour cette raison principale que je crois peu à un Big Bang du Big Data…

 

Une autre révolution pointe, celle de la blockchain : même si personne n’en connaît totalement les enjeux, ici encore, bien des changements sont à prévoir …

Contrairement à d’autres sujets qu’il faut obligatoirement avoir investi pour proposer un avis crédible, la blockchain présente cet avantage qu’il y a quasiment autant d’opinions différentes que de discutants. Il faut dire que le sujet (très à la mode) est relativement récent, ramené à notre secteur d’activité, et qu’on manque singulièrement d’experts capables de faire le lien avec les particularismes de notre cycle de production inversé. Cette technologie, mais surtout ses effets possibles, figurent donc bien dans notre spectre de surveillance, mais je dois reconnaître que nous attendons d’abord que tout cela se décante un peu avant de tenter une analyse prospective sur ses conséquences en termes de contenus de métier…

 

Autre défi, et non des moindres : l’intégration des jeunes, et la future Génération Z après la Génération Y : comment se font ces bouleversements générationnels ?

Ce qui se joue n’est plus seulement la transmission des connaissances et compétences acquises grâce aux longues années de labeur passées à s’exercer sur le métier (sic). La principale particularité de cette révolution provient sans doute du fait que l’âge et l’expérience ne sont plus le gage exclusif, voire le symbole, de l’efficacité au travail (pas plus d’ailleurs que l’âge ne soit une garantie absolue de sagesse). Le monde que nous avons appris à connaître et à comprendre est en profonde réinvention : les outils changent, les environnements de travail se redessinent, les modes de fonctionnement mutent…

Là se situe sans doute la rupture entre l’ancien et le nouveau monde (à laquelle des actions de type reverse mentoring, par exemple, visent à répondre). C’est pourquoi ces différentes logiques d’efficacité déstabilisent aussi bien les managers que les managés, les papy boomers que la génération X… mais tout autant la génération Y, qui a dû apprendre Internet, face à la génération Z, née avec un smartphone au creux de la main et pourtant ignorante de la culture de nos entreprises !

 

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