Jérémie Clevy vient de succéder à Alexandre Malsch à la présidence de Melty, le média des moins de 30 ans ; rencontre avec un journaliste perdu parmi les Millenials.
Adwise : Jérémie, tu viens de succéder à Alexandre Malsch à la présidence de Melty : en deux mots, d’où viens-tu ?
Jérémie Clevy : Du futur depuis 1998 🙂
J’ai une formation de journaliste radio (ESJ-Lille), mais une passion depuis toujours pour l’informatique. Je travaille donc exclusivement sur Internet depuis 1998. Au départ comme rédacteur, puis rédacteur en chef, puis éditeur, puis enfin directeur de BU.
J’ai notamment dirigé Lycos en France, je suis passé également par la direction digitale d’Europe 1 et de Mondadori Magazines. Alexandre Malsch m’a choisi pour mes capacités à comprendre la « matière média » mais également à diriger une entreprise.
Adwise : Melty, tous les jeunes connaissent… mais pas les plus de 30 ans : c’est quoi Melty ?
Jérémie Clevy : C’est un média pour les Millenials, traitant exclusivement de sujets culturels : cinéma, musique, séries TV, jeux vidéos…
Nous sommes présents sur 3 plateformes principales : le web classique, avec nos 5 sites (melty.fr, fan2.fr, shoko.fr, meltystyle.fr et virginradio.fr) ; Facebook avec notre quinzaine de verticales et Snapchat avec notre chaîne dans Discover, aux côtés de l’Equipe, Le Monde ou encore Paris Match.
Au total, nous enregistrons environ 90 M de visites mensuelles sur nos contenus, réalisées à 75% par les 18-34 ans.
Adwise : Pour tes lecteurs, PC et TV sont devenus quasiment obsolètes…
Jérémie Clevy : LOL
Notre audience est à 94% mobile. On va arriver à un point où notre audience PC sera réalisée par les rédacteurs de Melty – c’est plus pratique de rédiger un article sur un ordinateur quand même 🙂
Quant à nos lecteurs, ils considèrent depuis quelques temps maintenant la TV comme le second écran. Le smartphone étant le premier. Ils sont toujours autant devant la TV, mais ils l’écoutent plus qu’ils ne la regardent. Et ils surfent sur leurs réseaux sociaux pendant les programmes.
Adwise : Comment informe-t-on des jeunes qui ne consacrent pas plus de 3 secondes à une nouvelle et zappent sans arrêt ?
Jérémie Clevy : Le fond et la forme : en choisissant soigneusement les thématiques qui vont les intéresser et en étant hyper cool dans le traitement de l’info. Sur Snapchat, nos lecteurs chacun passent en moyenne 2 minutes 30 environ chaque jour, sur notre édition quotidienne.
Adwise : Alexandre a quitté Melty à 30 ans, tu en as plus de 40 ; tu diriges un groupe dont les journalistes ne connaissent même pas David Bowie : la différence culturelle n’est pas trop violente ?
Jérémie Clevy : Déjà : true story ! Le jour de mon arrivée était en effet le jour du décès de Bowie. La nouvelle est tombé 2 minutes avant ma présentation à l’équipe. Je fais, « Merde, Bowie est mort » et mon voisin dit « C’est qui Bowie ? » … Ok… nous n’avons pas les mêmes valeurs 🙂
Sinon, j’ai eu la chance d’avoir une enfance atypique (j’ai déménagé 4 fois par an dans le monde entier jusqu’à mes 10 ans environ) et ça m’a obligé de développer un mode « éponge » pour survivre socialement. Je me fonds rapidement dans n’importe quel milieu culturel. Donc être un peu déconneur et parler jeux vidéos et séries TV, je peux faire.
La vraie difficulté est plutôt sur le management. C’est vraiment une génération particulière. Elle ne supporte aucun flou dans ses missions (c’est plutôt une bonne chose), demande de l’autonomie (plutôt bien aussi, mais parfois contradictoire avec le point précédent). Je la trouve également moins fidèle à l’entreprise que la génération précédente et moins encline à faire des efforts. Il faut vraiment, vraiment, donner du sens à toutes les missions et trouver mille et une astuces pour les motiver, les Millennials !