Alain Beauvieux a publié en 2012 Les médias sociaux, sans bla bla, un des premiers ouvrages consacré au Web Listening où il nous livre une des premières expérience de sérendipité sur les médias sociaux -Interview
Adwise : En 2011, un de vos clients vous commande une étude sur la contrefaçon sur le Web…
Alain Beauvieux : En effet, la Cosmetic Valley, le pôle de compétitivité spécialisé de la filière des parfums et des cosmétiques en France, souhaitait organiser un évènement sur le sujet et se posait notamment la question de savoir ce que les socionautes pensaient de la problématique … et surtout, comment ils se comportaient : en termes plus directs, le Web social constituait-il un risque majeur pour les acteurs du secteur, et ceux du luxe en général ?
Adwise : Et donc vous lancez vos filets sur la toile.
Alain Beauvieux : Exact : nous essayons de recenser tous les lieux où non seulement l’on s’exprime sur le sujet, mais également on pratique la contrefaçon. C’est ainsi que nous réalisons que si les professionnels s’indignent de tous les faux sacs Louis Vuitton, les internautes lambda considèrent presque le phénomène comme un « sport amusant » ; Facebook, avec ses pages de Fans plus puissantes que l’officielle, constitue souvent le point de départ vers des sites de vente commerealreplicate.com, aujourd’hui disparu qui propose de « vraies copies » – pas de « mauvaises issues » de Chine !
Adwise : Et pour les parfums ?
Alain Beauvieux : Même mécanisme, même si là, c’est plutôt dans les forums que tout se passe ; le vrai soucis, c’est de distinguer le bon du mauvais – les essences qui sortent des mêmes cuves que les produits de marque, mais beaucoup moins chères évidemment … et d’aucuns de raconter leur déception à l’ouverture du flacon.
Adwise : Donc rien de vraiment passionnant.
Alain Beauvieux : Non, juste la confirmation de ce que l’on pouvait soupçonner, à savoir que tout se passe dans les univers virtuels comme dans la vraie vie !
Et puis, on continuant de surfer, nous avons découvert qu’au-delà de la contrefaçon et des bons tuyaux pour y accéder, les femmes s’échangeaient également des recettes pour réaliser leurs propres parfums à base d’essences : des parfums mieux adaptés à leur personnalité.
Petit à petit, on découvre un nouvel art de vivre – un peu « tendance », un peu « écolo » également – où l’on s’échange des recettes de parfums un peu comme on troque des recettes de cuisine ; on glisse vers de nouvelles conversations : « Je me demande comment jouer à l’apprentie parfumeuse à la maison. Faut-il des bases d’alcool spécifiques ? Comment créer une note de fond, de tête, de cœur ? ».
L’analyste ici devient hors sujet : finie la contrefaçon, on entre de plain-pied dans le monde de l’artisanat domestique ; on découvre de nouvelles interrogations, de nouveaux insights… bien loin de notre point de départ.
Tout cela sans vraiment l’avoir cherché : vous avez dit sérendipité ?